La teinture végétale au coeur de l’artisanat
L’avènement de la révolution industrielle, initiée au Royaume Uni avec la mécanisation du filage et du tissage, a ouvert la voie à une production textile à grande échelle et s’est accompagnée du développement de la teinture chimique, seule capable de traiter de grands volumes de fibres et d’étoffes. En parallèle, le tissage artisanal, bien qu’un temps menacé de disparition, a su garder un lien intime avec la teinture végétale, célébrant de paire avec l’utilisation de fibres naturelles issues de la culture ou de l’élevage le lien entre les hommes, les femmes et la nature qui les entoure.
La teinture végétale, durable et écologique
Le principal a priori que l’on rencontre lorsque que l’on parle de couleur végétale est celui de la tenue dans le temps des teintures. Assez peu de souci à avoir de ce côté là puisque le processus de teinture végétale comporte une étape préalable de mordançage qui consiste à fixer sur la fibre à teindre un additif qui viendra consolider la liaison entre le textile et les molécules de colorant. Par le passé, des mordants très polluants ont pu être utilisés. Aujourd’hui, c’est essentiellement le sel d’alun qui sert de mordant. Certains teinturiers pratiquent même un mordançage végétal à base de plantes pour accroître la compatibilité de leur activité avec la préservation de l’environnement. Enfin, sur le sujet de la tenue des couleurs obtenues à partir des plantes, Colbert avait déjà en son temps fait identifié les plantes qui permettaient d’obtenir des couleurs dites “Grand Teint”, c’est dire qui résistent bien au lavage et à la lumière. Cette connaissance des plantes est encore utilisée de nos jours par les artisans en teinture végétale.
La teinture végétale, les couleurs d’un terroir
Parce que les plantes, les champignons et les lichens qui permettent de réaliser des teintures végétales varient d’un territoire à l’autre en fonction du sol et du climat, la palette de couleurs qui peut être obtenue localement dépend fortement du terroir. Cette palette devient un marqueur spatial identitaire. C’est ainsi qu’est née la diversité des palettes de couleurs utilisées pour les tartans des clans écossais. En effet, chaque clan était installé sur un terroir qui lui était propre, et disposait de fait d’un jeu de couleurs unique.
Couleurs de Séquanie
Cette unicité des palettes de couleurs végétales, nous la retrouvons dans nos magnifiques paysages du Jura Franco-Suisse. En effet, ces derniers regorgent de plantes tinctoriales que nous nous faisons un plaisir d’inventorier au fil de nos balades, n’en prélevant que des quantités très limitées dans les respect des écosystèmes et afin de garantir la reproduction des espèces concernées. Notre utilisation de la ressource sauvage locale, complétée par des cultures tinctoriales que nous menons depuis deux ans en plein cœur du Parc Naturel Régional du Doubs Horloger, est avant tout expérimentale. Toutefois, des pièces uniques, ou des petites séries, peuvent aisément être réalisées par nos soins en utilisant des plantes de nos montagnes.
Notre formation en teinture végétale nous permet avant tout d’échanger avec nos partenaires afin de mieux comprendre et appréhender dans notre travail les interactions nombreuses entre les processus de teinture, de tissage et de design textile. Aussi, dans un souci de qualité et afin de soutenir les autres métiers d’art, nous n’hésitons pas à recourir aux services d’experts de la teinture végétale, dont l’Atelier 1720 qui cultive dans les Alpes des plantes tinctoriales afin de nous fournir des couleurs lumineuses que nous utilisons avec plaisir dans nos tissages.
Lorsqu’on exerce un métier d’art tel que le notre, le recours à la teinture végétale pour la réalisation de certaines pièces d’exception relève à nos yeux de l’évidence. En effet, comment résister à la tentation d’inscrire nos tissages de luxe et haut de gamme dans l’ADN de nos territoires, riches de biodiversité et de savoir-faire, en sublimant la poésie des couleurs végétales ?